13 mars 2011

De quoi j'me mail ?

- Ah non, mais tu comprends, je lu ai envoyé un message via la messagerie de Facebook, et il ne m'a pas encore répondu !
- Il n'a peut-être pas encore eu le temps de lire ses mails...
- Ah mais non, justement, car je suis allée voir sur son mur. Et je suis dégoûtée car il a répondu à une publication d'une copine, justement, hier soir ! donc, il y est allé et il a vu mon mail. Tu comprends, moi, je supporte pas qu'on ne réponde pas à mes mails dans la journée. Je trouve ça insupportable !

Je ne peux pas m'empêcher d'écouter la conversation de deux amies assises à côté de moi, dans ce restaurant du centre ville que j'affectionne tout particulièrement. La cuisine y est bonne et pas chère, ce qui devient rare, mais je m'y trouve à l'étroit, car chaque centimètre carré est optimisé. Les tables sont donc collées les unes aux autres comme dans une boîte de sardines, et la promiscuité me contraint à saisir des bribes de conversation.

- Ne t'inquiète pas, répond sa bonne copine, il va te répondre ce soir, ou te téléphoner
- Mouais, ça m'étonnerait, renchérit la brune. Il est toujours flanqué sur Facebook, il m'aurait déjà répondu s'il le voulait vraiment.


On vit une époque formidable. Une époque où la rapidité et l'instantané ont pris le pas sur l'inattendu. Un monde formaté où les mails et les SMS s'enchaînent à vitesse grand V, où les informations parviennent à tout moment de la journée, et les gens ont toujours l'air aussi insatisfaits. Les facilités de communication actuelles sont indéniables, pourtant on ne communique plus vraiment, la situation est paradoxale. Ce que je veux dire, c'est qu'avec un email, un SMS, une publication sur son mur Facebook, ou encore un Tweet, nous avons la possibilité de passer une information en deux secondes, mais rien ne remplace une discussion en face à face.

Quand j'étais étudiante, j'habitais en résidence universaitaire. A l'époque, les téléphones portables en étaient à leurs premiers balbutiements, réservés aux élites fortunées. Alors on se glissait des mots sous la porte, on discutait dans les couloirs, ou autour d'un café, ou en attendant son tour à la cabine téléphonique. Oui, patienter devant la cabine téléphonique, à carte, je précise, était une occupation chronophage. Je crois que je n'ai jamais autant parlé qu'à cette période de ma vie. Les petits mots que je découvrait sous ma porte n'attendaient pas forcément de réponse écrite de ma part, mais c'était une invitation à ne pas couper les liens et voir la personne de visu dès que l'occasion se présentait. Je me demande bien à quoi ressemble une résidence universitaire en 2011, avec le wi-fi et les portables.
C'est chacun dans son coin ? 

Je me suis donc bien gardée d'insuffler mes réflexions à ma voisine de table, ne voulant pas agraver son cas, plus qu'anxiogène.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire